homeArno Gisinger est artiste photographe et vit à Paris. Il enseigne à l`Université de Paris 8 et à l`École Supérieure d`Art d`Épinal
 

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Salle du procès
 
Mois de la photo 2004 à Paris

Nuremberg : les coulisses du pouvoir, la scène du procès
Photographies d’Arno Gisinger

Exposition en deux volets
présentée par la Galerie 779 :

Jeu de paume hors les murs - site Concorde
Jardin des Tuileries, près du grand bassin
Paris 8e
du 28 octobre au 3 décembre 2004
Jeu de paume

École d’Architecture Paris-Malaquais
(accès par la cour de l’Ecole nationale supérieure des beaux-arts)
14, rue Bonaparte
Paris 6e
du 28 octobre au 12 novembre 2004

Vernissages le 5 novembre 2004 :
17 h Jeu de paume - site Concorde (avec Michel Poivert)
19 h École d’Architecture Paris-Malaquais (avec Jean-Jacques Fouché)


La salle du Tribunal militaire international de Nuremberg
par Jean-Jacques Fouché

En mai 1945 le régime nazi s’effondre dans le chaos. Les derniers mois de la Guerre transforment l’Allemagne en champ de ruines. Des déportés errent sans but dans des « marches de la mort » ; des prisonniers de guerre, des requis du travail obligatoire, des détenus des camps de concentration voient la délivrance arriver, trop tard pour certains.

Les troupes alliées découvrent l’humanité humiliée et les cadavres entassés dans les camps. On oblige les habitants voisins à venir voir l’horreur. Ainsi débute la dénazification. Elle se poursuit par des processus destinés à restaurer un régime démocratique. Un accord, signé à Londres le 8 août 1945, prévoit le jugement des principaux responsables du IIIe Reich par un Tribunal militaire international dont le siège est fixé à Berlin. Mais c’est à Nuremberg en Bavière, zone d’occupation américaine, que se tiendront les audiences de jugement du procès des grands criminels nazis.

La ville, détruite par un bombardement massif en février 1945, dispose encore d’un palais de justice presque intact. Les troupes américaines assument la logistique. Elles aménagent la salle d’audience, de dimensions modestes, pour l’adapter aux nécessités d’une instance pénale internationale. La présence de quatre nations alliées implique un dispositif de traduction simultanée. L’usage du droit anglo-saxon impose d’effectuer l’instruction à l’audience par la confrontation des documents et des témoignages. Le procès concrétise une volonté de pédagogie envers la population allemande. Une grande place est réservée à la presse pour laquelle on construit une tribune. Mais plus encore, la scénographie du tribunal est conçue comme celle d’un studio qui permet la projection de documents visuels. Cette configuration intègre également les photographes et opérateurs de cinéma chargés de documenter l’événement, les audiences du procès devenant ainsi à leur tour pièces iconographiques.

Les audiences débutent le 14 novembre 1945. Elles concernent 21 accusés, parmi lesquels on trouve Albert Speer, principal architecte du Reich et concepteur du « Reichsparteitagsgelände », ainsi que des organisations du régime nazi dont la SS, le cabinet du Reich, le Haut commandement militaire... Ils doivent répondre de quatre chefs d’accusation : complot et plan concerté (conspiracy), crimes contre la paix et guerres d’agression, crimes de guerre et, nouveauté en droit pénal, crimes contre l’humanité. Le jugement prononcé le 1er octobre 1946 comportait des condamnations à mort, des peines de prison et des acquittements.

Le compte-rendu sténographique intégral des audiences et la plupart des documents soumis au tribunal font, rapidement, l’objet d’une publication en quatre langues. Les autorités d’occupation effectuent des sondages dans la population. A la question : « Le national-socialisme était-il une mauvaise idée, ou une bonne idée mal réalisée ? » 47 % des sondés en août 1946 répondent : « Bonne idée mal réalisée », et 10 % sont sans opinion.

Après d’autres procès de criminels nazis, la salle du palais de justice est rendue à ses audiences ordinaires et rétablie dans sa configuration initiale.
 Schwurgerichtssaal 600, tirage jet d'encre sur bâche, 200 x 250 cm, Nuremberg 2004, (c) Arno Gisinger, Courtesy: Galerie 779, Paris